samedi 28 juin 2008

Maroc: FST Errachidia - Un audit et une enquête s'avèrent indispensables

Maroc: FST Errachidia - Un audit et une enquête s'avèrent indispensables

Libération (Casablanca)


Libération (Casablanca)

BILLET
1 Mai 2008
Publié sur le web le 1 Mai 2008

Moha HAJAR

La réforme des statuts des enseignants chercheurs de 1997 a instauré un nouveau diplôme dans le paysage universitaire national : il s'agit de l'habilitation universitaire, ouverte aux professeurs-assistants, en vue de la promotion interne, pour se hisser au grade de professeur-habilité.

Le candidat à cette habilitation doit présenter ses travaux en matière de recherche mais aussi au niveau pédagogique (administratif s'il y a lieu). Le dossier de candidature doit suivre une procédure clairement établie par la réglementation nationale. Des critères plus fins sont définis au sein des établissements permettant de juger dans la rigueur et la transparence, les qualités du candidat. Ce n'est cependant pas le cas à Errachidia où l'ex-doyen était seul maître à bord en la matière. La loi ne le précise pas, mais l'établissement d'exercice (pas seulement d'affectation) du professeur-assistant est certainement le mieux à même de le juger. C'est d'ailleurs ce qui se passe dans la quasi-totalité des cas. Ce n'est pourtant pas à la FSTE (Université Moulay Ismaïl), qui risque dans l'avenir proche de devenir la destination-pèlerinage de tout professeur-assistant à la recherche facile de diplôme d'habilitation.

Un exemple dans le genre à quelques détails près : après la soutenance d'un professeur du centre de recherches de Taounate, un professeur-assistant, inconnu à la FSTE, exerçant à l'ENS de Marrakech, soutiendra, nous dit-on, une habilitation universitaire à la FSTE le 3 mai 2008. L'ex-doyen de la FSTE, en exercice jusqu'en novembre 2007, s'est chargé de la désignation des rapporteurs (juges) du dossier de cette habilitation. Un des rapporteurs ainsi désignés, est un collaborateur scientifique du candidat, comme l'attestent certains travaux récents. Le nouveau doyen de la FSTE qui a pris le dossier en cours, désigne les autres membres du jury à côté des rapporteurs ci-dessus cités. Le président du jury n'est autre que l'ex-doyen de la FSTE, qui avait désigné les juges. Ce président est signalé comme professeur à la Faculté des sciences de Meknès. Le premier avis de soutenance révèle ainsi une entorse à la loi, puisque deux professeurs de la FSTE doivent siéger dans le jury. Un autre membre du jury (examinateur) est aussi un collaborateur scientifique du candidat. (situation déjà rejetée à la FSTE par le doyen-président lui-même). Toutes ces anomalies ont été signalées par écrit, téléphone et e-mail aux responsables de l'université. Dans le but de remédier aux erreurs et recadrer le tout dans la légalité. L'étonnement fut grand, quand lundi 28 avril 2008, un nouvel avis de soutenance a été diffusé au sein de l'établissement : Non seulement les anomalies citées ci-dessus ne seront pas corrigées, mais, plus grave, des falsifications vont venir s'ajouter à ces entorses.
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L'ex-doyen et président du jury de cette habilitation y est alors désigné comme professeur à la FST Errachidia. Le but de cette gymnastique sur l'affectation de l'ex-doyen, est là pour se mettre en conformité apparente, avec un article du règlement (violé par la première annonce). Ledit professeur (ex-doyen) n'a pourtant pas rejoint le département de biologie de la FSTE. Il n'enseigne pas à la FSTE après avoir achevé son mandat de doyen à la FSTE. Pour masquer l'anomalie concernant les rapporteurs de l'habilitation, la nouvelle affiche s'abstient tout simplement de les désigner comme on peut le lire sur l'annonce originelle. Une administration qui se respecte doit rester, à l'écart des jurys et autres comités dont elle désigne les membres.

Il est à souligner que la FSTE ne manquee pas d'experts dans le domaine de l'habilitation projetée. Les responsables n'ont que l'embarras du choix. Les responsables de l'université Moulay Ismaïl et de la FSTE portent la lourde responsabilité de ce qu'il est advenu de l'établissement, en matière de gestion administrative, pédagogique et financière. Le ministère qui devait auditer la FSTE comme le demande le corps enseignant, continue à ce jour de faire la sourde oreille. Ce qui semble encourager les responsables locaux et de l'université à commettre plus d'abus et d'engager la FSTE sur la voie de l'aventure. S'il n'est pas mis fin à ces abus, la faculté des sciences et techniques d'Errachidia risque de devenir une sorte de république bananière de l'université marocaine : un souk aux diplômes supérieurs bon marché. Il doit être mis fin de façon énergique à cette dérive (Siba). Il en va de l'avenir de la région et de sa jeunesse instruite. Laisser-faire est la signature de la mise à mort lente mais sûre du noyau universitaire à Errachidia qui vient juste de voir le jour. Parviendra-t-on à trouver des interlocuteurs valables pour mettre fin à cette anarchie ?

(*) Professeur au département de mathématiques de la FSTE

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